CANALPLUSHAITI - AVE OBAMA...LE MONDE TE SALUE. Par Eddy ANDRE
 
AVE OBAMA, … le Monde te salue.
Par Eddy André

Un jour de Novembre 2004, lors d’un séjour à l’étranger, j’ai découvert, grâce à la magie du petit écran, un candidat au Sénat de la République étoilée, un animateur d’une rare éloquence qui réclamait les suffrages de ses électeurs ; car, il était en pleine campagne électorale et quelques jours plus tard, ce candidat au Capitole qui avait retenu mon attention donnait une conférence de presse pour remercier ses supporteurs de la ville de Jean Baptiste 1Dessables et de tout l’Etat de l’Illinois pour avoir fait de lui leur Sénateur. Cet heureux candidat s’appelait « Barack OBAMA ».
 
Cela va sans dire que après une si anodine et exaltante expérience, je ne saurais rester indifférent à la fulgurante accession de cet Homme d’Etat par devant la scène internationale ; ce qui m’a porté à partager avec vous le contenu de cet article.
 
Le Partage du Fardeau
Nous avons choisi la caricature ci-dessus, un effondrement soutenu par les frêles bras du Président Bush qui appelle avec véhémence son successeur à la rescousse. Une illustration,2 on ne peut plus, emblématique de ce qui attend à partir du 20 Janvier prochain le nouveau locataire de la maison exécutive de Pennsylvania, Ave communément appelé la Maison Blanche.
 
Ce fardeau consiste tout d’abord à juguler une crise financière qui a ses ramifications dans l’escalade des prix du baril de pétrole brut où l’encours a varié constamment à la hausse depuis l’année 2002 pour atteindre le seuil fatidique de $ 14700 ; son apogée en Juillet 2008. La crise des valeurs hypothécaires (sub-prime) et la faillite de Lehman Brothers qui ont suscité la mise sur pied d’un plan de sauvetage de l’ordre de 700 milliards de dollars (plan Paulson), et, cette crise financière qui a entraîné une turbulence mondiale laquelle a culminé au mois de Septembre dernier quand le Consommateur Américain dont l’emprise représente les 2/3 du produit intérieur brut ne vit pas, comment pallier à cet immense déficit et la solution à cette crise dont les marches fébriles et frileuses semblent acheminer vers la dépression.
L’héritage très obéré que laissera l’administration Bush, représente en chiffre :
-         Une dette de 6,000 milliards de dollars.
-         Un déficit budgétaire de 1000 milliards de dollars.
-         Un taux de chômage de 6.5% (niveau jamais atteint depuis 1994.)
-         Une grande attente de la population Américaine pour la reprise de l’Economie, soit 64% de celle-ci.
-         Un autre contingent de 54% aspirant à une réduction des impôts.
 
Cet héritage comprend également :
-         Deux champs de batailles en Afghanistan et en Irak.
-         Une logique de confrontation de la Russie.
-         Une constante menace terroriste.
-         Un rétablissement de l’image et du leadership Américain dans le monde.
-         Une amélioration du bilan peu flatteur laissé par l’Administration Bush en matière de droits humains.
-         Une réponse à l’attente mondiale d’un leadership éclairé et non bigo, susceptible de sortir notre globe de la logique de la confrontation et du choc des civilisations.
 
            Si l’on veut procéder à une analyse approfondie de l’immensité de la tâche qui attend une Administration Obama ; de deux choses : l’une soit il devient l’Hercule de la mythologie Grecque et exécute à la lettre, tous ses travaux ou, il devient Atlas et devra supporter sur ses épaules « ad vitam aeternam » la charge du monde sans aucun répit. Nous sommes en présence d’une transition compliquée qui s’apparente a celle de 1861 quand Abraham Lincoln accéda à la Maison Blanche et plus près de nous, celle de 1933 qui amena Francklin Delano Roosevelt au pouvoir.
 
Une Campagne menée avec Maestria
Environ 26% dans la presse Américaine a supporté la campagne de Barack Obama à la Présidence des Etats-Unis d’Amérique et la presse étrangère a renchérit ; le Financial Times de Londres a rendu hommage au maestria qui s’est dégagé autour de celle-ci où le savoir-faire, la discipline, le fair-play et le bon usage des technologies modernes de l’information en ont été la toile de fond. Les facteurs déterminants de ce succès ont été tout d’abord, l’opportunité du choix du thème principal : «  Le Changement » à un moment où l’Amérique et le reste du monde traversent une période de crise politico-socio-économique majeure. L’Utilisation à outrance et à bon escient des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) également. Pour mener cette machine promotionnelle, il a fallu mobiliser plus d’un million et demi de volontaires et tout ceci, est à l’honneur du Parti Démocrate. Dans le seul Etat de la Floride, on en comptait 200.000, dont 19 000 ont été dépêchés dans les bureaux de vote.
 
Le résultat financier a été juteux, soit plus de 265 millions de dollars collectés depuis le mois d’Avril 2008 et le montant total pourrait atteindre un ½ milliard de dollards.
 
Socialement, cette élection Américaine a fait bouger les mentalités et son issue : l’avènement de Barack Obama à la Présidence des USA est, selon certains analystes politiques, la meilleure nouvelle à avoir circuler dans le monde depuis la chute du mur de Berlin et a été perçu par ceux-ci comme une réconciliation de la morale avec l’histoire.
 
Une longue histoire
Pour comprendre le caractère historique de l’accession de Barack Obama à la Présidence des Etats-Unis, il faut remonter au temps de Frederick Douglas, un rejeton né esclave, fils d’un Propriétaire Blanc et d’une esclave noire, un autodidacte, devenu au temps de la guerre de sécession, le conseiller du Président Abraham Lincoln. Comme, il nous le raconte dans son auto-biographie, qu’il avait des difficultés pour entrer à la Maison Blanche en raison de son appartenance ethnique. Dans cet intéressant ouvrage il nous relate un incident, qui lui3 est arrivé lors de la soirée inaugurale du 2ème mandat du Président Lincoln à la maison exécutive. Invité par le Président lui-même, il a été interdit d’accès à la cérémonie donnée en l’honneur de celui-ci par deux gardes en raison de la couleur de sa peau. Il ne se laissa pas faire et rétorqua en la circonstance en disant : « Je ne laisserai pas les lieux tout autant que je n’aurai pas vu le Président Lincoln en personne ». A ce moment précis, un autre invité qui m’a identifié lança à leur chef. Soyez assez aimable de faire savoir à Mr. Lincoln que Mr Frederick Douglas est retenu à la porte par deux gardes».  Et un siècle plus tard cette longue marche pour les droits civiques entreprise par le pasteur Martin Luther King Jr dans les Etats sécessionnistes et Ségrégationnistes du Sud où cent ans plus tôt le Nord et le Sud ont livré bataille et, l’esclavage a été aboli. Son mémorable discours de Washington devant le statue géante de Lincoln : « I have a dream (J’ai fait un rêve) ».
 
L’action du Président John Fritzgerald Kennedy pour que les droits civiques soient acquis à la population afro-Américaine. Pour comprendre ce long cheminement de l’Amérique vers la démocratie réelle telle que visionnée par les pères fondateurs, une pensée de Albert Einstein semble pouvoir nous aider a sortir de cet enchevêtrement ou seul le dilatoire a toujours régné en maître « Oyez ! » le seul vrai problème de tous les temps se trouve dans le cœur et la pensée des hommes. Il ne s’agit pas d’un problème de physique mais d’un problème moral. Il est plus facile de modifier la composition du plutonium que le mauvais esprit d’un individu. Ce n’est pas la puissance d’explosion d’une bombe atomique qui nous effraie mais la puissance de méchanceté du cœur humain, sa force d’explosion pour faire le mal… »
 
            Que dire de plus si ce n’est que seule l’histoire est en mesure de réhabiliter l’histoire, l’élection de Obama constitue une sorte de réconciliation de l’Amérique avec son histoire ; une nouvelle réalité qui va faire son chemin dans son soma social habitué déjà si longtemps à d’autres clichés.
 
De l’Obamania à l’Oconomie
Devenu une icône, par la force des choses, Obama devra répondre tout d’abord à l’attente de l’immense majorité des Américains qui l’ont voté pour qu’il apporte le changement tant prôné par son parti durant la campagne électorale, changement dans l’économie, changement dans l’image effritée de l’Amérique dans l’ère post-moderne que nous vivons. Son élection à la première magistrature de la république étoilée a été une sorte d’électrochoc qui a soulevé toutes les espérances :
§         Espérance de l’Amérique pour un redressement de l’économie et du leadership mondial.
§         Espérance des minorités qui ont largement contribué à son succès pour que les promesses du candidat se traduisent par des actes concrets.
§         Espérance des communautés noires pour lesquelles sa stature de leader mondial devrait aider à dépasser la culture d’humiliation dans laquelle le système esclavagiste les a trop longtemps installés. De plus, dans ces communautés, il s’est développé une appropriation du phénomène Obama à un point tel que cette adulation frise l’hystérie.
§         Espérance du monde qui, en raison de la mouvance belliqueuse de l’hyper puissance Américaine durant les sept dernières années, regardait l’avenir avec appréhension.
 
            Enfin, l’attente est tellement forte que toute éventuelle déception serait encore plus grande. Selon un sondage post-électoral réalisé par Associated Press et GFK, 72% des sondés se disent confiants dans le Président élu et convaincus qu’il réalisera les changements nécessaires pour ranimer la braise de l’économie Américaine, une frange de 44% des Républicains partage la confiance sans réserve des démocrates et des indépendantistes en la matière. Pour qualifier l’économie à la manière d’Obama, on parle déjà « d’Oconomie ».
           
            Barack Obama doit demeurer une source d’inspiration et une force capable d’aider à remodeler l’histoire. « Si l’action ne soutient pas la pensée, celle-ci perd son nerf et sa force s’effrite. »5 Pour répéter Frantz Fanon : « Chaque génération a une mission à accomplir sur terre : soit elle l’accomplit, soit elle la trahit ».
 
Une capacité de résilience
Si la transcendance d’Obama a beaucoup contribué à son élection, s’il a su très tôt, s’inscrire dans la logique du droit à la différence, ses détracteurs n’ont pas hésité à utiliser contre lui, certains de ces arguments afin de réduire le personnage à sa plus simple expression ; ce que les Américains nomment en bonne et du forme : « Character Assassination ». C’est d’abord la consonance de son nom atypique qui a été mis en cause à tel point qu’un journaliste dans une émission à forte écoute a lui demandé de l’épeler, ce qu’il fit avec humilité. Son deuxième prénom, qui a une connotation Arabe a été déformé pour ressembler au phonème. « OUSSAMA », le prénom de l’ennemi juré des Américains Ben Laden. Pourtant, ils n’ont jamais tenu compte du prénom « Barack » qui en Hébreu signifie « Béni ». puis amitié contesté avec le pasteur Jeremiah Wright.
 
            Parmi les détracteurs on trouve John Oneil qui a publié un best-seller intitulé « Unfit for Command » dont il est le co-auteur. Dans une de ses allégations, il dénonce le parti démocrate pour le choix de Barack Obama comme Candidat à la Présidence des USA. « Le parti Démocrate persiste et signe en choisissant à nouveau un extrémiste de gauche, comme ce fut le cas pour Kerry ; son état de service ne peut que nous alarmer… et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il nous entraîne vers l’inconnu. »
 
Un autre, David Freddoso, reporter politique, a publié un ouvrage moins célèbre mais aussi corrosif intitulé « the case against Barack Obama » (mettre l’action publique en mouvement contre Barack Obama), où il n’hésite pas à dénoncer le projet de réforme prôné par Obama comme étant une supercherie.
 
« C’est la première fois sur une période d’un siècle qu’un politicien aussi inexpérimenté comme Obama obtient la nomination d’un des grands partis comme Candidat à la Présidence. En tant que tel, Obama échappe donc à l’analyse approfondie que mérite tout candidat au poste de premier mandataire de la nation. »6
 
Cet analyste qui n’est pas tendre avec Obama a cependant reconnu que la campagne menée pour effriter l’image du candidat tant adulé par la presse a été malhabile et que, loin de détruire le personnage, l’a plutôt propulsé en avant vers une curiosité de plus en plus grandissante du grand public en raison même du parcours atypique de ce potentiel candidat. Il a reconnu que cette stratégie puérile et les allégations qui en émanaient, ne faisaient point le poids, comme par exemple, « ce candidat est de ceux qui refusent de saluer le drapeau Américain » ou encore, « il a prêté serment sur le Coran », ou plutôt, « il est né à l’étranger, etc. »
 
Freddoso regimbe, il veut une condamnation en bonne et due forme de la candidature d’Obama au fauteuil présidentiel et son argument massue est que Obama n’est pas prêt à réformer quoi que ce soit. « Le nombre de candidats à des postes électifs issus des deux grands partis qui sont de véritables agents de réforme est incroyablement insignifiant et ceux-là qui s’avèrent être d’authentiques réformistes perdent toujours. »
 
Nous savons depuis le 4 Novembre que Barack H. Obama a gagné et que son farouche concurrent John Sydney Mc Cain l’a salué avec une rare élégance. Dans cette épreuve ou le Candidat Démocrate fit dans les frais de tous les dénigrements il nous revient à la mémoire, une pensée que feu mon père, aimait à répéter : « La flatterie la plus servile n’a jamais pu sauver ceux qui doivent périr ni la critique la plus acerbe, détruire ceux qui doivent vivre. » Paradoxalement, c’est le président Bush lui-même qui eut à présenter au président élu, des compliments qui l’ont depuis marqué. Il était alors Sénateur : « Vous avez un avenir brillant, très brillant mais tout le monde va attendre que vous fassiez un faux pas, vous voyez ce que je veux dire, alors faites attention à vous. »7
 
Que dire de plus si ce n’est que Barack Obama ne devrait point se laisser griser par le succès ; car, il n’est que l’envers de l’échec et que la gloire est frivole. Quand on la croit nôtre, elle s’envole vers d’autre …
 
Légendes :        1- Citoyen né à St Marc (Haïti) fondateur de la ville de Chicago
                        2- Dessin du jour publié dans le site Yahoo le 11 novembre 2008
                        3- Life and times of Frederick Douglas
                        4- Life and Times of Frederick Douglas (page 366, par 1)
                        5- Auteur inconnu (citations)
                        6- The Case against Barack Obama 4e page de couverture (Regency publishing, INC)
                        7- Citation publiée dans son ouvrage “The audacy of hope”
 
Eddy André
Novembre 2008
drivingpass@yahoo.fr
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