CANALPLUSHAITI - MARTIN LUTHER KING

Martin Luther King Jr
 
Martin Luther King, le 26 mars 1964
 
Naissance
Décès
Nationalité
Profession
Occupation
Distinctions

Le révérend Martin Luther King Jr est un pasteur baptiste afro-américain né à Atlanta (États-Unis) le 15 janvier 1929 et mort assassiné le 4 avril 1968 à Memphis.
Militant non violent pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis, pour la paix et contre la pauvreté, il organise et dirige des actions tel le Boycott des bus de Montgomery pour défendre le droit de vote, la déségrégation et l'emploi des minorités. Il prononce un discours célèbre le 28 août 1963 devant le Lincoln Memorial à Washington durant la marche pour l'emploi et la liberté : « I have a dream » (J'ai un rêve). Il est soutenu par John F. Kennedy dans la lutte contre la discrimination raciale ; la plupart de ces droits seront promus par le « Civil Rights Act » et le « Voting Rights Act » sous la présidence de Lyndon B. Johnson.
Martin Luther King devient le plus jeune lauréat du prix Nobel de la paix en 1964 pour sa lutte non violente contre la ségrégation raciale et pour la paix. Il commence alors une campagne contre la guerre du Viêt Nam et la pauvreté, qui prend fin en 1968 avec son assassinat par James Earl Ray, dont la culpabilité et la participation à un complot sont toujours débattues.
Il se voit décerner à titre posthume la Médaille présidentielle de la liberté par Jimmy Carter en 1977, la médaille d'or du Congrès en 2004, et est considéré comme l'un des plus grands orateurs américains[1]. Depuis 1986, le Martin Luther King Day est un jour férié aux États-Unis.

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Biographie
Jeunesse
Martin Luther King Jr est le fils du pasteur baptiste Martin Luther King Sr. et d'Alberta Williams King, organiste d'église. Il a une sœur aînée Christine King Ferris et un plus jeune frère Albert Daniel Williams King. Il grandit au sein de l'amérique ségrégationniste[2]. Sa première expérience de la ségrégation raciale date de ses six ans quand deux camarades de jeu blancs lui disent qu'ils ne sont plus autorisés à jouer avec lui. Sa mère lui explique que c'est parce qu'ils sont maintenant dans des écoles ségrégationnistes blanches, mais lui souligne qu'il est aussi bon que n'importe qui[3].
En 1939, il chante avec le chœur de son église à Atlanta pour la première du film Autant en emporte le vent.
Il entre à l'âge de 15 ans à Morehouse College, une université réservée aux garçons noirs, après avoir sauté deux années de lycée et sans avoir officiellement obtenu son certificat de graduation. Il en sort diplômé avec un Bachelor of Arts en sociologie le 20 juin 1948 et rentre au Crozer Theological Seminary pour un Bachelor of Divinity à Chester (Pennsylvanie) — qui correspond à une licence en théologie — qu'il obtient le 12 mai 1951. Il reçoit un Doctor of Philosophy de l'Université de Boston le 18 juin 1955[4].
Des accusations de plagiat contre sa thèse de doctorat à l'université de Boston aboutissent en 1991 à une enquête officielle des responsables de cette université. Ceux-ci concluent qu'un tiers environ de la thèse est plagié d'un article écrit par un étudiant diplômé antérieurement, mais il est décidé de ne pas retirer son titre à Martin Luther, car la thèse constitue tout de même « une contribution intelligente au savoir »[5]. On trouve également des emprunts tacites dans certains discours de King, mais Keith Miller soutient[6] que dans ce dernier cas, c'est une pratique courante des Afro-américains et que l'on ne peut considérer cela comme du plagiat. Toutefois, comme Theodore Pappas le note dans son livre sur le sujet[7], Martin Luther avait en fait suivi un cours sur les normes de la production intellectuelle et le plagiat à l'université de Boston.
Il se marie le 18 juin 1953 avec Coretta Scott qui prendra son nom pour devenir Coretta Scott King. Ils ont ensemble quatre enfants : Yolanda, née en 1955, Martin Luther King III, né en 1957, Dexter Scott, né en 1961, et Bernice en 1963.
Montgomery, la lutte pour les droits civiques
 
 
Rosa Parks vers 1955 avec Martin Luther King.
En 1953, Martin Luther King devient le pasteur de l'église baptiste de l'avenue Dexter à Montgomery (Alabama). Le sud des États-Unis est à cette époque marqué par les violences commises contre les noirs, culminant en 1955 avec le meurtre raciste de Emmett Till, un adolescent de 14 ans, du pasteur activiste George W. Lee et du militant des droits civiques Lamar Smith.
Le 1er décembre 1955, lorsque Rosa Parks, une femme noire, est arrêtée pour avoir violé les lois ségrégationnistes de la ville en refusant de céder sa place à un homme blanc, il mène le boycott des bus de Montgomery avec l'aide du pasteur Ralph Abernathy et d'Edgar Nixon, directeur local du National Association for the Advancement of Colored People. La population noire soutient le boycott et organise un système de covoiturage. Martin Luther est arrêté durant cette campagne qui dure 382 jours et qui devient extrêmement tendue à cause de ségrégationnistes blancs qui ont recours au terrorisme : la maison de Martin Luther King est attaquée à la bombe incendiaire le matin du 30 janvier 1956, ainsi celle de Ralph Abernathy et quatre églises. Les boycotters sont souvent attaqués physiquement mais l'ensemble des 40 000 noirs de la ville continuent de marcher, parfois jusqu'à 30 km, pour rejoindre leur lieu de travail. Le boycott se termine par une décision de la Cour suprême des États-Unis le 13 novembre 1956 déclarant illégale la ségrégation dans les autobus, restaurants, écoles et autres lieux publics.
En 1957, il joue un rôle capital dans la fondation de la Southern Christian Leadership Conference (SCLC, « Conférence des Chrétiens Dirigeants du Sud »), dont il est élu président et le reste jusqu'à sa mort. La SCLC est une organisation pacifique qui participe activement au Mouvement pour les Droits Civiques en organisant les églises afro-américaines pour conduire des protestations non violentes[8]. Martin Luther adhère à la philosophie de désobéissance civile non-violente comme décrite par Henry David Thoreau[9] et utilisée avec succès en Inde par Gandhi[10]. Conseillé par le militant des droits civiques Bayard Rustin, il décide de l'utiliser lors des manifestations de la SCLC.
Il expose en 1958 son point de vue sur la ségrégation raciale et la spirale d'inégalité et de haine qu'elle provoque dans le livre Stride toward freedom; the Montgomery story (« la marche vers la liberté ») :
« Souvent, les hommes se haïssent les uns les autres parce qu'ils ont peur les uns des autres ; ils ont peur parce qu'ils ne se connaissent pas ; ils ne se connaissent pas parce qu'ils ne peuvent pas communiquer ; ils ne peuvent pas communiquer parce qu'ils sont séparés. »
Alors qu'il signe des exemplaires de son livre dans un magasin à Harlem le 20 septembre, il est poignardé à la poitrine par Izola Curry, une femme noire qui l'accuse d'être un chef communiste et qui sera jugée comme déséquilibrée. Martin Luther King échappe de peu à la mort, la lame du coupe-papier utilisé ayant frôlé l'aorte. Martin Luther pardonne à son agresseur et dans une déclaration à la presse[11] souligne la violence de la société américaine :
« L'aspect pathétique de cette expérience n'est pas la blessure d'un individu. Il démontre le climat de haine et d'amertume qui imprègne tellement notre nation que des accès d'extrême violence doivent surgir inévitablement. Aujourd'hui c'est moi. Demain cela pourrait être un autre dirigeant ou n'importe quel homme, femme ou enfant qui sera victime de l'anarchie et de la brutalité. J'espère que cette expérience prouvera être socialement constructive en démontrant le besoin urgent de la non-violence pour gouverner les affaires des hommes. »
 
 
Bus historique de Rosa Parks exposé au Henry Ford Museum.
En 1959, il écrit le livre The Measure of A Man (La Mesure d'un homme), une tentative de dépeindre une structure optimale de société politique, sociale et économique, duquel la pièce What is Man? (Qu'est ce qu'un homme ?) est tirée.
Le FBI commence à mettre Martin Luther King sur écoute en 1961, craignant que des communistes essayent d'infiltrer le mouvement des droits civiques. Aucune preuve n'étant trouvée, l'agence utilise certains détails enregistrés sur une durée de six ans pour essayer de le faire renvoyer de son rôle de dirigeant de l'organisation.
Martin Luther prévoit justement que des protestations organisées et non violentes contre le système de ségrégation du sud connu comme les lois Jim Crow amèneront une grande couverture médiatique du conflit pour l'égalité et le droit de vote des personnes de peau noire. Les comptes-rendus des journalistes et les reportages de la télévision montrant les privations et humiliations quotidiennes des Afro-américains du sud des États-Unis, ainsi que la violence et le harcèlement déployés par les ségrégationnistes contre les militants des droits civiques, produisent alors une vague de sympathie au sein de l'opinion publique pour le mouvement des droits civiques qui devient le sujet politique le plus important de l'Amérique des années 1960.
Martin Luther King organise et mène des marches pour le droit de vote des Afro-américains, la déségrégation, le droit du travail et d'autres droits de l'homme basiques. La plupart de ces droits ont été votés comme lois avec le Civil Rights Act de 1964 et le Voting Rights Act de 1965. Martin Luther et le SCLC appliquent avec succès les principes de manifestation non-violente en choisissant stratégiquement les lieux et la méthode de protestation qui aboutissent à des confrontations spectaculaires avec les autorités ségrégationnistes.
Albany
À Albany (Géorgie) en 1961 et 1962, il rejoint les activistes locaux du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC), et du National Association for the Advancement of Colored People mené par William G. Anderson, un médecin noir. Martin Luther King intervient parce que le SNCC ne parvient pas à faire avancer le mouvement malgré des actions non-violentes efficaces (occupation de bibliothèques, stations de bus, restaurants réservés aux blancs, boycotts et manifestations) à cause de l'habileté du shérif local Pritchett qui procède à des arrestations massives sans violence et une dispersion des prisonniers dans tout le comté. Martin Luther intervient également parce que cette organisation l'a critiqué pour avoir mollement soutenu les « freedom rides » (bus de la liberté contre la ségrégation)[12].
 
 
Martin Luther King à un rassemblement pour la liberté, 1962.
Alors qu'il ne compte rester que quelques jours et n'avoir qu'un rôle de conseiller, il est interpellé lors d'une arrestation massive de manifestants pacifiques. Il refuse de payer la caution tant que la ville ne fait pas de concessions. Les accords passés sont « déshonorés et violés par la ville » dès son départ[13].
Martin Luther King revient en juillet 1962, et est condamné à 45 jours de prison ou 178 $ d'amende. Il choisit la prison mais est discrètement libéré au bout de 3 jours par le shérif Pritchett qui s'arrange pour faire payer son amende. King commentera[13] :
« Nous avions été témoins de personnes jetées hors de restaurants… expulsées d'églises… et jetées en prison… Mais pour la première fois, nous étions témoins de quelqu'un jeté à coups de pieds hors de prison. »
Après presqu'un an d'activisme sans résultats tangibles, le mouvement commence à faiblir et à se diviser entre radicaux et modérés. Lors d'une manifestation, des jeunes noirs jettent des pierres sur la police : Martin Luther King demande une halte de toutes les protestations et un « jour de pénitence » pour promouvoir la non-violence et maintenir le moral. Plus tard, il est à nouveau arrêté et détenu deux semaines.
Si malgré la mobilisation le mouvement à Albany ne réussit pas à obtenir des résultats immédiats, il sert de leçon stratégique à Martin Luther et au mouvement des droits civiques qui décident de se concentrer sur des sujets spécifiques afin d'obtenir des victoires symboliques :
« L'erreur que je fis était de protester contre la ségrégation en général plutôt que contre une seule de ses facettes distinctes. […] Une victoire de ce type aurait été symbolique et aurait galvanisé notre soutien et notre moral… Quand on planifia notre stratégie pour Birmingham des mois après, nous avons passé de nombreuses heures à évaluer Albany et à essayer d'apprendre de nos erreurs. Notre examen ne nous aida pas seulement à rendre nos futures tactiques plus efficaces, mais révéla aussi qu'Albany était loin d'être un échec total. »
Néanmoins, l'activisme local continue alors que l'attention des média se tourne vers d'autres sujets. Le printemps suivant, la ville annulera toutes ses lois ségrégationnistes.
Birmingham
 
 
16th Street Baptist Church à Birmingham quartier général du mouvement des droits civiques lors de la campagne et où eu lieu l'attentat du 15 septembre 1963.
En 1960, la population de Birmingham est de 350 000 personnes, à 65 % blanches et 35 % noires[14]. C'est alors une des villes qui maintient et assure par la loi locale la plus grande ségrégation raciale des États-Unis dans tous les aspects de la vie, aussi bien dans les établissement publics que privés[15]. À cette époque, seule 10 % de la population noire est inscrite sur les listes électorales[16] et le niveau de vie moyen est moins de moitié celui des blancs, les salaires pour un même poste étant communément très inférieurs[17]. Birmingham n'a ni officier de police noir, ni pompier, ni vendeur en magasin, ni conducteur ou employé de banque, l'emploi pour la population noire est limité aux seuls travaux manuel aux aciéries. Une secrétaire noire ne peut travailler pour un patron blanc. Le chômage des noirs est deux fois et demi plus élevé que celui des blancs[18]. Cinquante attentats racistes non élucidés entre 1945 et 1962 ont donné à la ville le surnom de « Bombingham »[19]. Les églises noires où les droits civiques sont discutés sont des cibles privilégiées[20] et la ville est particulièrement violente contre les Freedom riders.
Un responsable des droits civiques local, le pasteur Shuttlesworth essaye bien de lutter en gagnant en justice la déségrégation des parcs de la ville, mais la ville réagit en les fermant. Le domicile et l'église où le pasteur exerce est alors la cible de plusieurs attentats à la bombe[21]. Après l'arrestation de Shuttlesworth en 1962 pour avoir violé les lois ségrégationnistes et qu'une pétition au maire ait été « jetée à la poubelle » selon le maire lui-même[22], le pasteur demande l'aide de Martin Luther King et du SCLC, en soulignant le rôle crucial de Birmingham dans la lutte nationale pour l'égalité raciale[23].
Les protestations commencent par un boycott à pâques 1963 pour inciter les chef d'entreprises à ouvrir les emplois de vendeurs et d'autre postes aux personnes de toute races, et d'arrêter la ségrégation dans les magasins, par exemple sous la forme de caisses réservées aux blancs. Quand les dirigeants économiques résistent au boycott, Martin Luther et le SCLC commencent ce qu'ils baptisent le projet C, une série de manifestations non-violentes tel que des sit-ins dans les restaurants et bibliothèques, agenouillement de personnes noires dans les églises réservées aux blancs, marches de protestation pacifiques, le tout réalisé pour provoquer des arrestations. Martin Luther résume la philosophie de la campagne de Birmingham[24] :
« Le propos de […] l'action directe est de créer une situation qui soit un tel paquet de crises qu'elle ouvre inévitablement la porte à des négociations. »
Il est lui-même arrêté le 13 avril, et c'est là qu'il écrit la célèbre Lettre de la prison de Birmingham (Letter from Birmingham Jail), un traité définissant sa lutte contre la ségrégation. Il reçoit un soutien direct du président John Fitzgerald Kennedy, sa femme Coretta celui de Jacqueline Kennedy ; il est libéré une semaine plus tard.
 
 
Le président John F. Kennedy s'adresse au peuple américain à propos des droits civiques le 11 juin 1963.
Alors que la campagne n'a plus assez de volontaires, les organisateurs, malgré les hésitations de Martin Luther King[25], recrutent des étudiants et des enfants dans ce qui est appelé par les média « la croisade des enfants ». Le 2 mai, des centaines d'étudiants, lycéens et écoliers sont préparés et entraînés à participer pacifiquement aux manifestations. Ils sont arrêtés de manière violente par la police qui utilise des chiens, mais aussi des jets d'eau à haute pression d'une telle force qu'ils pouvaient déchirer les vêtements ou projeter une jeune femme par dessus une voiture[26]. En réaction et malgré les instructions du SCLC, des parents et des passants commencent à jeter des projectiles sur la police mais sont raisonnés par les organisateurs. La décision d'utiliser des enfants même dans une manifestation non-violente est très critiquée, entre autres par le ministre de la justice Robert Francis Kennedy et l'activiste Malcom X qui déclare que « les vrais hommes ne mettent pas leurs enfants dans la ligne de mire »[27]. Martin Luther, qui est resté silencieux et en dehors de la ville quand un de ses amis organisait les manifestations des enfants comprend le succès de l'événement et déclare à la messe du soir[28] :
« J'ai été inspiré et touché par ce jour et je n'avais jamais rien vu de la sorte. »
Les scènes de violences policières largement relayées par les média causent des réactions internationales et mettent en lumière la ségrégation raciales ayant lieu dans le sud des États-Unis. Le sénateur de l'Oregon Wayne Morse compare Birmingham à l'apartheid en Afrique du Sud[29]. Les prisons sont pleines, certains enfants se présentant directement devant elles en chantant pour être arrêtés. La ville est au bord de l'effondrement civil et économique car aucun commerce du centre ville ne fonctionne plus.
Le gouverneur George Wallace envoi la police d'état pour soutenir le chef de la police locale.
 
 
Débris du Gaston Motel, où Martin Luther avait séjourné peu auparavant, après l'attentat à la bombe du 11 mai 1963. Une autre bombe endommageait au même moment la maison de son frère, le révérend Alfred Daniel Williams King.
Robert Kennedy envoi la garde Nationale pour éviter tout débordement le 13 mai suite à deux attentats à la bombe contre un hôtel où avait résidé Martin Luther King et contre la maison du frère de celui-ci, qui avaient dégénéré en manifestations contre les policiers. Le 21 mai le maire démissionne, le chef de la police est renvoyé et en juin toutes les pancartes ségrégationnistes sont enlevées et les lieux publics ouverts aux noirs[30].
A la fin de la campagne, la réputation de Martin Luther s'est considérablement renforcé[31] et Birmingham est un élément du succès de la marche vers Washington.
En septembre, un attentat à la bombe du Ku Klux Klan contre l'église Baptiste de la 16e rue pendant la prière provoque la mort de quatre jeunes filles noires et blesse 22 enfants. L'attaque provoque l'indignation nationale et renforce le mouvement des droits civiques.
La marche sur Washington
 
 
King parlant à la marche sur Washington à Washington, DC.
Représentant le SCLC, Martin Luther King est le dirigeant d'une des six grandes organisations pour les droits civiques qui organisent la marche sur Washington pour les emplois et la liberté. Il est l'un de ceux qui acceptent le souhait du président John F. Kennedy de changer le message de la marche.
Le président, qui avait déjà soutenu publiquement Martin Luther King et était déjà intervenu plusieurs fois pour le faire sortir de prison[32], s'était initialement opposé au principe de la marche car il craignait un impact négatif sur le vote de la loi sur les droits civiques. Le but initial de la marche était de montrer la situation désespérée des afro-américains des états du sud et l'échec du gouvernement fédéral à assurer leurs droits et leur sécurité. Le groupe des six accepte sous la pression et l'influence présidentielle de passer un message moins radical. Certains activistes des droits civiques pensent alors que la marche ne présente plus qu'une vision inexacte et édulcorée de la situation des noirs ; Malcolm X l'appelle alors « La farce sur Washington », et les membres de l'organisation Nation of Islam qui participent à la marche seront suspendus temporairement[33].
La marche fait cependant des demandes spécifiques :
  • la fin de la ségrégation raciale dans les écoles publiques ;
  • une législation significative sur les droits civiques (incluant une loi interdisant la discrimination raciale dans le monde du travail) ;
  • une protection des activistes des droits civiques de la violence policière ;
  • un salaire minimum de 2 $ pour tous les travailleurs sans distinction ;
  • un gouvernement indépendant pour Washington, D.C., qui dépend alors d'un comité du congrès.
En dépit des tensions, la marche est un énorme succès. Plus de 250 000 personnes de toutes les ethnies se réunissent le 28 août 1963 face au Capitole, dans ce qui est la plus grande manifestation ayant eu lieu jusque là dans l'histoire de la capitale américaine.
Le point d'orgue du combat de Martin Luther King est son illustre discours « I have a dream », où il manifeste sa volonté et son espoir de connaître une Amérique fraternelle. Cette déclaration est considérée comme un des meilleurs discours de l'histoire américaine avec le Gettysburg Address d'Abraham Lincoln.
St. Augustine, Civil Rights Act et prix Nobel de la paix
 
 
Le président Lyndon Johnson signant le Civil Rights Act devant Martin Luther King, 2 juillet 1964.
Malgré l'arrêt de 1954 de la cour Suprême Brown v. Board of Education, qui déclare la ségrégation raciale inconstitutionnelle dans les écoles publiques, seuls 6 enfants noirs sont admis dans les écoles blanches à St. Augustine en Floride. Les maisons de deux familles de ces enfants sont brûlées par des ségrégationnistes blancs et d'autres familles sont forcées de quitter la région parce que les parents sont renvoyés de leur emploi et n'arrivent plus à en retrouver d'autre localement.
En mai et juin 1964, une action directe est menée par Martin Luther King et d'autres dirigeants des droits civiques. Une marche de nuit autour de l'ancien marché aux esclaves voit les manifestants attaqués par des ségrégationnistes blancs et entraine des centaines d'arrestations. Les prisons étant trop petites, les détenus sont parqués en plein soleil les jours suivants. Des manifestants sont jetés à la mer par la police et par les ségrégationnistes et manquent de se noyer lors d'une tentative pour rejoindre les plages Anastasia Island réservées aux blancs.
La tension atteint son comble quand un groupe de manifestants noirs et blancs se jettent dans la piscine du motel Monson interdite aux noirs. La photographie d'un policier plongeant pour arrêter un manifestant et celle du propriétaire du motel versant de l'acide chlorhydrique dans la piscine pour faire sortir les activistes firent le tour du monde et servirent même aux états communistes pour discréditer le discours de liberté des États-Unis. Les manifestants endurent les violences physiques et verbales sans riposter, ce qui entraîne un mouvement de sympathie nationale et aide au vote du Civil Rights Act le 2 juillet 1964.
 
 
Martin Luther et Coretta Scott King, 1964.
Le 14 octobre 1964, Martin Luther King devient le plus jeune lauréat du Prix Nobel de la paix pour avoir mené une résistance non violente dans le but d'éliminer les préjudices raciaux aux États-Unis.
« Bloody Sunday » (Dimanche sanglant)
En décembre 1964, Martin Luther et le SCLC joignent à nouveau leurs forces avec le Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) à Selma, Alabama, où le SNCC travaille à l'enregistrement des électeurs sur les listes électorales depuis des mois[34]. Selma est alors un lieu important pour la défense du droit de vote des afro-américains. La moitié des habitants de la ville sont noirs mais seul 1 % d'entre eux sont inscrits sur les listes électorales, le bureau d'enregistrement qui n'est accessible que deux jours par mois, ouvre en retard et subit des pauses déjeuner à rallonge[35].
Le dimanche 7 mars 1965, 600 défenseurs des droits civiques quittent Selma pour tenter de rejoindre Montgomery, la capitale de l'état, pour présenter leurs doléances au moyen d'une marche pacifique. Ils sont arrêtés au bout de quelques kilomètres au pont Edmund Pettus par la police et une foule hostile qui les repoussent violemment à coup de matraques et de gaz lacrymogène. Ce jour sera connu sous le nom de « bloody sunday »[36] et marqua un tournant dans la lutte pour les droits civiques. Les reportages montrant les violences policières permettent au mouvement de gagner le soutien de l'opinion publique et soulignent le succès de la stratégie non-violente de Martin Luther King qui n'est pas présent lors de cette première marche, tentant de la retarder après sa rencontre le président Lyndon B. Johnson.
 
 
Des policiers de l'Alabama attendent les manifestants au pont Edmund Pettus.
Deux jours après, Martin Luther mène une marche symbolique jusqu'au pont, une action qu'il semblait avoir négocié avec les autorités locales et qui provoqua l'incompréhension des activistes de Selma. Le mouvement cherche alors la protection de la justice afin d'accomplir la marche et le juge de la cour fédérale Frank Minis Johnson Jr tranche en faveur des manifestants :
« La loi est claire sur le fait que le droit de pétitionner ses griefs auprès du gouvernement peut être exercé en groupe de grande amplitude […] et ces droits peuvent être exercés par une marche, même le long d'une route publique. »
3 200 marcheurs partent finalement de Selma le dimanche 21 mars 1965, parcourant 20 km par jour et dormant dans les champs. C'est pendant ce trajet que Willie Ricks élabora le terme « Black Power ». Au moment où ils atteignent le capitole de Montgomery, le jeudi 25 mars, les marcheurs sont 25 000. Martin Luther King prononce alors le discours « How Long, Not Long » (combien de temps, peu de temps). Le jour même, la militante blanche des droits civiques Viola Liuzzo est assassinée par le Ku Klux Klan alors qu'elle ramène des marcheurs dans sa voiture. Martin Luther assiste à ses funérailles et le président Johnson intervient directement à la télévision pour annoncer l'arrestation des coupables.
Moins de cinq mois plus tard, le président Johnson signe le Voting Rights Act accordant le droit de vote sans restriction.
Chicago
En 1966, après les succès du sud, Martin Luther King et d'autres organisations de défense des droits civiques essayent d'étendre le mouvement vers le nord, Chicago devenant l'objectif principal. Martin Luther et Ralph Abernathy, tous les deux de classe moyenne, déménagent vers les bidonvilles de Chicago dans le cadre d'une expérience éducative et pour montrer leur soutien et empathie avec les pauvres.
La SCLC forme une alliance avec la CCCO (Coordinating Council of Community Organizations), une organisation fondée par Albert Raby Jr., et avec le CFM (Chicago Freedom Movement). Au printemps, des testing sont réalisés par des couples noirs ou blancs afin de dévoiler les pratiques discriminatoires des sociétés immobilières. Les tests révèlent que la sélection des couples qui postulent pour un logement n'est basée aucunement sur le revenu, le parcours, le nombre d'enfants ou d'autres caractéristiques socio-économiques (car les couples ont exactement les mêmes), mais bien sur la couleur de peau.
Plusieurs grandes marches pacifiques sont organisées dans Chicago et, Abernathy l'écrira plus tard, l'accueil qui leur est réservé est pire que dans le sud. Ils sont reçus par une foule haineuse et des lancers de bouteilles, et Martin Luther et lui commencent à vraiment craindre qu'une émeute se déclenche. Les croyances de Martin Luther King se heurtent à sa responsabilité d'emmener les siens vers un événement violent. Si Martin Luther a la conviction qu'une marche pacifique sera dispersée dans la violence, il préfére l'annuler pour la sécurité de tous, comme ce fut le cas lors du « bloody sunday ». Il conduit néanmoins ces marches malgré des menaces de mort sur sa personne. La violence à Chicago est si intense qu'elle secoua les deux amis.
Un autre problème est la duplicité des dirigeants de la ville. Des accords sur les actions à effectuer passés par King et Abernathy sont annulés après coup par des politiciens faisant partie de la mairie corrompue de Richard Daley[réf. nécessaire]. Abernathy ne peut plus supporter les conditions de vie dans les taudis et déménage secrètement après un court moment. Martin Luther King reste et écrit sur l'impact émotionnel que cela représente pour Coretta et ses enfants de vivre dans des conditions aussi dures.
Quand Martin Luther et ses alliés retournent chez eux, ils laissent Jesse Jackson, un jeune séminariste qui avait déjà participé aux actions dans le sud, qui organise les premiers boycotts réussis pour le droit à l'accès aux mêmes emplois, ce qui sera un succès tel qu'il débouchera sur le programme d'opportunités égales dans les années 1970.
Contre la guerre du Viêt Nam et la pauvreté
 
 
Bombardement au napalm au sud de Saïgon, 1965.
À partir de 1965, Martin Luther King commence à exprimer ses doutes sur le rôle des États-Unis dans la Guerre du Viêt Nam. Le 4 avril 1967, un an avant sa mort, il fait à New-York le discours « Au-delà du Viêt Nam : le moment de briser le silence ». Il y dénonce l'attitude des États-Unis au Viêt Nam et insiste sur le fait « qu'ils occupent le pays comme une colonie américaine » et appelle le gouvernement américain « le plus grand fournisseur de violence dans le monde aujourd'hui ». Il insiste aussi sur le fait que le pays a besoin d'un plus grand changement moral[37] :
« Une vraie révolution des valeurs regarderait bientôt d'une manière honteuse les contrastes frappant entre la pauvreté et la richesse. Avec une indignation justifiée, elle regarderait au-delà des mers et verrait les capitalistes individualistes de l'ouest investissant d'énormes sommes d'argent en Asie, en Afrique et en Amérique du sud, juste pour faire des profits et sans aucune préoccupation pour les améliorations sociales dans ces pays, elle dirait: “Ce n'est pas juste.” »
Martin Luther King était déjà haï par de nombreux blancs racistes des états du sud, mais ce discours retourne de nombreux médias importants contre lui. Time appelle le discours « une calomnie démagogique qui ressemblait à un script de Radio Hanoi », et le The Washington Post déclare que King « a diminué son utilité à sa cause, son pays, son peuple ».
Martin Luther déclare souvent que le Vietnam du nord « n'avait pas commencé à envoyer un grand nombre de provisions ou d'hommes tant que les forces américaines n'étaient pas arrivées par dizaines de milliers ». Il acclame également la réforme agraire entreprise par le nord[38]. Il accuse aussi les États-Unis d'avoir tué un million de vietnamiens, « surtout des enfants »[39]. Il propose dans une lettre le moine bouddhiste et pacifiste vietnamien Thich Nhat Hanh, qui lutte pour l'arrêt du conflit, au prix Nobel de la paix de l'année 1967.
 
 
Des troupes au sol sont évacuées par des Huey Hogs non loin de Củ Chi, 1966.
Martin Luther King dit aussi dans son discours[40] que « la vraie compassion, c'est plus que jeter une pièce à un mendiant ; elle permet de voir qu'un édifice qui produit des mendiants à besoin d'une restructuration. […] du Viêt Nam à l'Afrique du Sud en passant par l'Amérique latine, les États-Unis sont du mauvais côté de la révolution mondiale ». Martin Luther questionne « notre alliance avec les propriétaires terriens de l'Amérique latine » et demande pourquoi les États-Unis répriment au lieu de soutenir les révolutions des « peuples pieds-nus et sans chemise » du tiers monde.
Le discours est un reflet de l'évolution politique de Martin Luther King dans ses dernières années, due en partie à son affiliation avec le Highlander Research and Education Center progressiste. Martin Luther commence à parler d'un besoin de changements fondamentaux dans la vie politique et économique de la nation. Il exprime plus fréquemment son opposition à la guerre et le besoin de redistribuer les ressources pour corriger les injustices raciales et sociales. Bien que ses allocutions publiques soient réservées afin d'éviter d'être étiquetées communistes par ses ennemis politiques, en privé, il déclare souvent soutenir le socialisme démocratique[41] :
« Vous ne pouvez pas parler d'une résolution du problème économique des nègres sans parler de milliards de dollars. Vous ne pouvez pas parler de la fin des bidonvilles sans dire d'abord que les profits ne doivent plus être faits sur les bidonvilles. Vous falsifiez vraiment parce que vous avez affaire à des gens maintenant. Vous avez affaire à des capitaines d'industrie […] Maintenant ça signifie que vous vous déplacez dans une mer agitée, parce que ça signifie qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec… Le capitalisme… Il doit y avoir une meilleure distribution des richesses et peut-être que l'Amérique doit se diriger vers un socialisme démocratique. »
 
 
Pauvres en Californie durant la grande dépression.
Martin Luther King a lu Marx alors qu'il était à Morehouse, mais tandis qu'il rejette le « capitalisme traditionnel », il rejette également le communisme à cause « de son interprétation matérialiste de l'histoire » qui nie la religion, son « relativisme ethnique » et son « totalitarisme politique »[42].
En 1968, Martin Luther et le SCLC organisent la « Campagne des pauvres » pour résoudre les problèmes de la justice économique. Cependant, la campagne n'est pas soutenue par tous les dirigeants du mouvement des droits civiques, y compris Bayard Rustin. Leur opposition inclut des arguments sur le fait que les buts de la campagne sont trop larges, les demandes irréalisables et que cela accélérera le mouvement de répression contre les pauvres et les noirs[43].
La campagne culmine avec une marche sur Washington, demandant une aide économique pour les communautés les plus pauvres des États-Unis. Martin Luther King traverse le pays de long en large pour rassembler une « armée multiraciale des pauvres » qui marcherait sur Washington et engagerait une désobéissance civile pacifique au capitole, si besoin est jusqu'à ce que le congrès signe une déclaration des droits de l'homme du pauvre. Le Reader's Digest parlera d'une « insurrection ».
Cette « déclaration des pauvres » demande un programme d'emplois gouvernementaux pour reconstruire les villes américaines. Martin Luther King voit un besoin urgent de se confronter au congrès qui avait démontré son « hostilité aux pauvres » en « distribuant les fonds militaires avec générosité » mais donnant « des fonds aux pauvres avec avarice ». Sa vision est celle d'un changement qui est plus révolutionnaire qu'une simple réforme : il cite les défauts systématiques du racisme, de la pauvreté, du militarisme et du matérialisme, et que « la reconstruction de la société elle-même était le vrai problème qu'il fallait résoudre »[44].
Assassinat
Fin mars 1968, Martin Luther King se déplace à Memphis (Tennessee) pour soutenir les éboueurs noirs locaux qui sont en grève depuis le 12 mars afin d'obtenir un meilleur salaire et un meilleur traitement. Les afro-américains étaient payés 1,70 dollar de l'heure et n'étaient pas payés quand ils ne pouvaient pas travailler pour raison climatique, contrairement aux travailleurs blancs[45],[46]. Des violences éclatent autour des marches pacifiques, un jeune afro-américain est tué[47].
 
 
Le balcon du Lorraine Motel où a été assassiné Martin Luther King, maintenant le site du musée national des droits civiques.
Le 3 avril, au Mason Temple (Church of God in Christ, Inc. - siège mondial), Martin Luther fait le discours prophétique « I've Been to the Mountaintop » (« J'ai été au sommet de la montagne ») devant une foule euphorique :
« Ce n'est pas vraiment important ce qui arrive maintenant… Certains ont commencé à […] parler des menaces qui se profilaient. Qu'est-ce qui pourrait m'arriver de la part d'un de nos frères blancs malades… Comme tout le monde, j'aimerais vivre une longue vie. La longévité est importante mais je ne suis pas concerné par ça maintenant. Je veux juste accomplir la volonté de Dieu. Et il m'a autorisé à grimper sur la montagne ! Et j'ai regardé autour de moi, et j'ai vu la terre promise. Je n'irai peut-être pas là-bas avec vous. Mais je veux que vous sachiez ce soir, que nous, comme peuple, atteindrons la terre promise. Et je suis si heureux ce soir. Je n'ai aucune crainte. Je n'ai peur d'aucun homme. Mes yeux ont vu la gloire de la venue du seigneur ! »
Le 4 avril 1968 à 18 h 01, Martin Luther King est assassiné par un ségrégationniste blanc sur le balcon du Lorraine Motel à Memphis dans le Tennessee. Ses dernières paroles sur le balcon sont au musicien Ben Branch qui devait se produire ce soir-là lors d'une réunion publique à laquelle assistait Martin Luther[48] :
« Ben, prévois de jouer Precious Lord, Take My Hand (Seigneur, prends ma main) à la réunion de ce soir. Joue-le de la plus belle manière. »
Ses amis à l'intérieur de la chambre du motel entendent des coups de feu et courent sur le balcon pour trouver Martin Luther King abattu d'une balle dans la gorge. Il est déclaré mort au St. Joseph's Hospital à 19h05. L'assassinat provoque une vague d'émeutes raciales dans 60 villes des États-Unis (125 au total[49]) qui font de nombreux morts et oblige l'intervention de la garde nationale[50].
Cinq jours plus tard, le président Johnson déclare un jour de deuil national (le premier pour un afro-américain) en l'honneur de Martin Luther King. 300 000 personnes assistent à ses funérailles[51] le même jour ainsi que le vice-président Hubert Humphrey (Johnson était à une réunion sur le Viêt Nam à Camp David et il y avait des craintes que la présence du président provoque des manifestations des pacifistes). Des émeutes de colère éclatent vdans plus de 100 villes faisant 46 victimes[52].
À la demande de sa veuve, Martin Luther fit sa propre oraison funèbre avec son dernier sermon « Drum Major » enregistré à l'Ebenezer Baptist Church. Dans ce sermon, il demande qu'à ses funérailles aucune mention de ses honneurs ne soit faite, mais qu'il soit dit qu'il avait essayé de « nourrir les affamés », « habiller les nus », « être droit sur la question du Viêt Nam » et « aimer et servir l'humanité ». À sa demande, son amie Mahalia Jackson chante son hymne favori, Take My Hand, Precious Lord.
La ville de Memphis négocie la fin de la grève d'une manière favorable aux éboueurs après l'assassinat[53],[54].
D'après le biographe Taylor Branch, l'autopsie de King révéla que bien qu'il ait seulement 39 ans, son cœur paraissait celui d'un homme âgé de 60 ans, montrant physiquement l'effet du stress de 13 ans dans le mouvement des droits civiques[55]. Entre 1957 et 1968, King avait voyagé sur plus de 9,6 millions de kilomètres, parlé en public plus de 2 500 fois, été arrêté par la police plus de vingt fois et agressé physiquement au moins quatre fois[56].
Enquêtes et développements récents
Deux mois après la mort de Martin Luther King, James Earl Ray, un évadé, est capturé à l'aéroport de Londres Heathrow alors qu'il essayait de quitter le Royaume-Uni avec un faux passeport canadien au nom de Ramon George Sneyd. Ray est très vite extradé au Tennessee et accusé du meurtre de Martin Luther King, ayant avoué l'assassinat le 10 mars 1969, avant de se rétracter trois jours après. Sur le conseil de son avocat Percy Foreman, Ray choisit de plaider coupable afin d'éviter la peine de mort. Il est condamné à 99 ans de prison.
 
 
Tombe de Martin Luther King au Martin Luther King, Jr. National Historic Site à Atlanta sur laquelle on peut lire « Free at last » (Enfin libre).
Ray renvoie son avocat, clamant que les coupables du meurtre sont un certain « Raoul » et son frère Johnny qu'il a rencontré à Montréal au Canada. Il raconte de plus qu'« il n'avait pas tiré personnellement sur King » mais qu'il pouvait « être partiellement responsable sans le savoir », indiquant une piste de conspiration. Il passe alors le reste de sa vie à tenter vainement de retirer sa condamnation et à faire rouvrir le procès.
Le 10 juin 1977, peu après avoir témoigné devant une commission du congrès sur les assassinats qu'il n'avait pas tué Martin Luther, il s'évade avec six autres condamnés du pénitencier de Brushy Mountain au Tennessee. Il est repris le 13 juin et retourne en prison[57].
En 1997, Dexter Scott King, le fils de Martin Luther King, rencontre Ray et soutient publiquement les efforts de Ray pour obtenir un nouveau jugement[58] .
En 1999, un an après la mort de Ray, Coretta Scott King, veuve de Martin Luther et dirigeante des droits civiques elle aussi, et le reste de la famille King gagnent un procès civil contre Loyd Jowers (propriétaire d'un restaurant non-loin du Motel) et « d'autres conspirateurs ». En décembre 1993, Jowers était apparu dans le Prime Time Live de ABC News et avait révélé des détails d'une conspiration impliquant la mafia et le gouvernement pour tuer Martin Luther. Jowers raconte lors du procès avoir reçu 100 000 dollars pour organiser l'assassinat de Martin Luther King. Le jury de six noirs et six blancs juge Jowers coupable et mentionne que « des agences fédérales étaient associées » au complot de l'assassinat[59]. William F. Pepper, ancien avocat de Ray, représente la famille de King lors du procès et produit 70 témoins[60],[61],[62]. À l'issue du procès, la famille de Martin Luther King ne croit pas que Ray ait quelque chose à voir avec l'assassinat de celui-ci[63].
En 2000, le Département de la Justice des États-Unis termine une enquête sur les révélations de Jowers, mais ne trouve aucune preuve qui pourrait démontrer une conspiration. Le rapport d'enquête recommande qu'il n'y ait aucune nouvelle recherche tant que de nouveaux faits fiables ne seraient pas présentés[64].
Allégations de conspiration
Certains spéculent que Ray n'était qu'un pion, de la même façon que l'assassin présumé de John F. Kennedy, Lee Harvey Oswald était supposé l'avoir été (voir Assassinat de John F. Kennedy). Les preuves avancées par ses partisans sont :
  • La confession de Ray a été obtenue sous la pression, et il a été menacé avec la peine de mort[65],[66].
  • Ray était un petit voleur et cambrioleur, il n'avait aucun casier judiciaire mentionnant un crime violent avec détention d'arme[67].
  • Deux tests balistiques conduits sur l'arme du crime, une Remington Gamemaster, n'ont jamais prouvé que Ray avait été l'assassin ou que cette arme était vraiment celle qui avait servi au meurtre[68],[69].
  • Les témoins du meurtre de King disent que le coup de feu ne provenait pas de la maison de rapport mentionnée par l'enquête, mais d'un buisson à côté d'elle. Un buisson inexplicablement enlevé quelques jours après l'assassinat[70].
Le 6 avril 2002, le New York Times rapporta qu'un pasteur, le Révérend Ronald Denton Wilson, déclarait que c'était son père Henry Clay Wilson qui avait assassiné Martin Luther King Jr, et non James Earl Ray. Il dit que ses motifs n'étaient pas racistes mais politiques, pensant que King était communiste[71].
En 2004, Jesse Jackson, qui était avec King au moment de son assassinat, nota[72] :
« Le fait est qu'il y avait des saboteurs pour déranger la marche. À l'intérieur de notre propre organisation, on a découvert qu'une personne très importante était payée par le gouvernement. Donc infiltration à l'intérieur, saboteurs à l'extérieur et attaques de la presse. […] Je ne croirai jamais que James Earl Ray avait le motif, l'argent et la mobilité pour avoir fait cela lui-même. Notre gouvernement a été très impliqué à préparer le terrain et je pense la route de fuite de James Earl Ray. »
Un ami et collègue de King, James Bevel, résume plus abruptement[48] :
« Il n'y a aucun moyen qu'un garçon blanc à 10 cents puisse développer un plan pour tuer un homme noir à 10 millions de dollars. »
Les biographes David Garrow et Gerald Posner s'opposent au contraire aux conclusions de William F. Pepper qui a amené le jugement de 1999 accusant le gouvernement d'implication dans le meurtre de Martin Luther King Jr[73].
La pensée de Martin Luther King
Désobéissance civile et non violence
 
 
Monument dédié à Martin Luther King à l'université d'Uppsala, Suède.
Dans la Lettre de la prison de Birmingham écrite le 16 avril 1963 alors qu'il est arrêté pour une manifestation non violente, Martin Luther King répond à huit prêtres blancs de l'Alabama qui ont écrit quatre jours plus tôt une lettre intitulée Un appel à l'unité. S'ils admettaient l'existence des injustices sociales, ils exprimaient la croyance que la bataille contre la ségrégation raciale devait avoir lieu dans les tribunaux et non dans la rue. Martin Luther répond alors que sans des actions directes et puissantes comme celles qu'il entreprenait, les droits civiques ne seraient jamais obtenus.
Il écrit qu' «attendre à presque toujours signifié jamais » et il affirme que la désobéissance civile est non seulement justifiée face à une loi injuste, mais aussi que « chacun a la responsabilité morale de désobéir aux lois injustes ».
La lettre inclut la célèbre citation « Une injustice où qu'elle soit est une menace pour la justice partout » mais aussi les paroles de Thurgood Marshall qu'il répète : « Une justice trop longtemps retardée est une justice refusée »[74].
Jusqu'à la fin de sa vie, Martin Luther King reste opposé à la radicalisation et à la violence prônée par le Black Power et souligne que « Les émeutes ne règlent rien » et considère ce moyen comme inefficace au-delà même de la nature opposée des émeutes à sa doctrine de non-violence, de morale et de foi[75] :
« Si on dit que le pouvoir est la capacité à changer les choses ou la capacité à réussir ses objectifs, alors ce n'est pas le pouvoir que de s'engager dans un acte qui n'accomplit pas cela : et ceci quelque soit le bruit que vous fassiez et le nombre de choses que vous brûliez. »
Pour lui une guérilla comme celle de Che Guevara est une « illusion romantique ». Il préfère la discipline de la désobéissance civile qu'il définit non seulement comme un droit mais aussi un hommage à une énergie démocratique inexploitée. De même pour la pauvreté, il demande aux militants d'« utiliser tout le pouvoir de la non-violence sur le problème économique », même si rien dans la constitution américaine ne garantit un toit et un repas. Martin Luther King reconnaît la difficulté de la tâche mais demande à ne pas être intimidé par ceux qui se moquent de la non-violence. Il note la similitude de leur lutte avec celle de Jésus[76] :
« L'opinion publique s'est retournée contre lui. Ils ont dit qu'il était un agitateur. Il utilisait la désobéissance civile. Il a refusé les injonctions de la loi. »
 
 
Foule à la marche sur Washington de 1963.
Pour Martin Luther, la non-violence est non seulement juste mais indispensable, car aussi juste que soit la cause d'origine, la violence signifie l'échec et le cycle de vengeance de la loi du talion, alors qu'il défend l'éthique de réciprocité[77] :
« L'ultime faiblesse de la violence est que c'est une spirale descendante, engendrant la chose même qu'elle cherche à détruire. Au lieu d'affaiblir le mal, elle le multiplie. En utilisant la violence, vous pouvez tuer le menteur, mais vous ne pouvez pas tuer le mensonge, ni rétablir la vérité. En utilisant la violence, vous pouvez assassiner le haineux, mais vous ne pouvez pas tuer la haine. En fait, la violence fait simplement grandir la haine. Et cela continue… Rendre la haine pour la haine multiplie la haine, ajoutant une obscurité plus profonde à une nuit sans étoiles. L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité : seule la lumière peut faire cela. La haine ne peut pas chasser la haine : seul l'amour peut faire cela. »
il affirme également que la fin ne peut justifier les moyens contrairement à la formule de Machiavel[78] :
« J'ai toujours prêché que la non-violence demande que les moyens que nous utilisons doivent être aussi purs que la fin que nous recherchons. J'ai essayé de rendre clair que c'est mal d'utiliser des moyens immoraux pour atteindre une juste fin. Mais je dois affirmer maintenant que c'est aussi mal, voir pire encore, d'utiliser des moyens moraux pour préserver une fin immorale. »
Dans sa Lettre de Birmingham, il répond même aux prêtres, qui l'accusent de créer des opportunités à la violence avec sa désobéissance civile pacifique dans un milieu raciste, que celui qui demande justice de manière non-violente ne peut être le fauteur de trouble[79] :
« Dans votre déclaration, vous affirmez que nos actions, bien que pacifiques, doivent être condamnées parce qu'elles précipitent la violence. Mais est-ce une affirmation logique ? N'est-ce pas comme si vous condamniez un homme qui s'est fait volé parce que le fait qu'il possède de l'argent aurait engendré l'acte du vol ? »
Égalité raciale, liberté et fierté
Au-delà de son combat pour l'égalité raciale, du discours I have a dream où il imagine que ses « quatre jeunes enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés par la couleur de leur peau, mais par le contenu de leur personne » et de la victoire politique avec les votes des Civil Rights Act et Voting Rights Act, Martin Luther King a identifié que l'égalité raciale ne vient pas seulement des lois qui défendent la personne mais surtout de la façon dont cette personne se perçoit elle-même[80] :
« Aussi longtemps que l'esprit est mis en esclavage, le corps ne peut jamais être libre. La liberté psychologique, un ferme sens d'estime de soi, est l'arme la plus puissante contre la longue nuit de l'esclavage physique. Aucune proclamation d'émancipation lincolnienne ou charte des droits civiques johnsonienne ne peut apporter totalement cette sorte de liberté. Le nègre sera libre quand il atteindra les profondeurs de son être et qu'il signera avec le stylo et l'encre de son humanité affirmée sa propre déclaration d'émancipation. Et avec un esprit tendu vers la vraie estime de soi, le nègre doit rejeter fièrement les menottes de l'auto-abnégation et dire à lui-même et au monde : “Je suis quelqu'un. Je suis une personne. Je suis un homme avec dignité et honneur. J'ai une histoire riche et noble”. »
 

 

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