Biographie
Après un baccalauréat en langues et littératures hispaniques et italiennes, elle a complété une maîtrise en littérature comparée à l'
Université de Montréal. Polyglotte, elle parle cinq langues (
français,
anglais,
espagnol,
italien et
créole). Après ses études, elle enseigne, puis travaille pour un groupe qui aide les femmes victimes de violences conjugales.
C'est pendant cette période qu'elle apparaît dans un documentaire produit par l'
ONF. Des gens de
Radio-Canada la remarquent et la société l'embauche en 1988. Puis,
CBC l'engage en
1989 grâce à son bilinguisme français-anglais. Elle a animé différentes émissions, tant en français qu'en anglais :
journal télévisé et entrevues, entre autres
[1].
Famille
Étant donné que Jean-Daniel Lafond est né en France et Marie-Éden en Haïti, toute la famille vice-royale est née hors du Canada et des royaumes du Commonwealth, ce qui est une première pour l'histoire de la fonction
[1].
Carrière
Michaëlle Jean a été une animatrice et une réalisatrice avant de se faire remarquer par la
Société Radio-Canada, qui l'embaucha en
1988. Elle y a travaillé à titre de reporter et animatrice pour des émissions d'information telles qu'
Actuel,
Montréal ce soir,
Virages et
Le Point. En
1995, on lui offre le poste de
chef d'antenne pour de nombreuses émissions de la
Télévision de Radio-Canada et du
Réseau de l'information (RDI), notamment :
Le Monde ce soir,
l'Édition québécoise,
Horizons francophones,
Les Grands reportages,
Le Journal RDI et
RDI à l'écoute. Suite à ces nombreuses réussites, elle rejoint la chaîne anglaise de la télévision nationale, la
Canadian Broadcasting Corporation (CBC), quatre ans plus tard. Elle anime
Passionate Eye et
Rough Cuts.
En 2004, elle devient animatrice de sa propre émission éponyme
Michaëlle diffusée en français à la SRC et à RDI ou elle fait l'entrevue de grandes personnalités.
Cette carrière télévisuelle lui a valu de nombreux prix énumérés ci-dessous
[1].
Gouverneure générale
Drapeau des gouverneurs généraux du Canada tout au long de leur mandat
Ce drapeau a préséance sur tous les autres drapeaux et étendards, sauf sur l'étendard personnel de la reine au Canada.
Annonce
Le 4 août 2005,
Paul Martin, Premier ministre du Canada, annonce que Michaëlle Jean devient le vingt-septième gouverneur général du Canada. La communauté haïtienne du pays, qui la voyait déjà comme une idole, s'est dite extrêmement réjouie de cette nomination ; certains se sont même rendus à
Ottawa pour assister à son assermentation. Elle est la première personne noire à obtenir ce poste, la troisième femme (après
Jeanne Sauvé et
Adrienne Clarkson), la deuxième immigrante, deuxième personne sans passé politique et la deuxième personne de mariage multi-ethnique (après Adrienne Clarkson), la quatrième plus jeune (après Lord Lorne (33 ans en 1878), Lord Lansdowne (38 ans en 1883) et Edward Schreyer (43 ans en 1979) et la quatrième journaliste (après Sauvé,
Roméo Leblanc et Clarkson) à occuper ce poste. Elle est également la première gouverneure générale à être née durant le règne d'Élizabeth II. Sa nomination est aussi marquée par le fait qu'elle est la première gouverneure générale qui vivra à
Rideau Hall avec son enfant depuis
Edward Schreyer.
Michaëlle Jean possédait lors de l'annonce de sa nomination la double
nationalité. Son mari étant né en
France, elle a donc acquis "de facto" la nationalité française lors de leur mariage. Le 23 septembre 2005, soit quatre jours avant son assermentation, elle décide de renoncer à celle-ci afin de ne pas créer d'imbroglio diplomatique étant donné le statut de commandante-en-chef des
Forces canadiennes porté par la gouverneure générale.
Investiture
Elle succède à Adrienne Clarkson le 27 septembre 2005 au cours d'une cérémonie très protocolaire au sénat canadien où elle prononce son serment d'allégeance à la reine du Canada.
Lors de la cérémonie d'installation, la nouvelle gouverneure générale met l'accent sur la solidarité et l'importance de rapprocher les « deux solitudes ». Ce message s'inscrit même dans ses
armoiries personnelles.
« Il est fini le temps des « deux solitudes » qui a trop longtemps défini notre approche de ce pays. L’étroitesse du « chacun pour soi » n’a plus sa place dans le monde actuel qui exige que nous apprenions à voir au-delà de nos blessures et de nos différends pour le bien de l’ensemble. Bien au contraire, nous devons briser le spectre de toutes les solitudes et instaurer un pacte de solidarité entre tous les citoyens qui composent le Canada d’aujourd’hui. Il y va de notre prospérité et de notre rayonnement partout où l’espoir que nous représentons apporte au monde un supplément d’âme. »[3]
En tant que gouverneure générale
Sa volonté de « briser les solitudes » s'inscrit, au-delà du simple rapport entre les francophones et les anglophones du Canada, dans les relations entre les différentes communautés ethniques, linguistiques, culturelles, et de genre. Ayant, parallèlement à ses études universitaires, travaillé huit ans dans des maisons d'hébergement et de transition pour femmes victimes de violence conjugale, elle s'est aussi attachée durant son mandat à sensibiliser les différents gouvernements, qu'ils soient provincial, fédéral, mais aussi lors de ses visites d'État en tant que chef du Canada, à la violence faite aux femmes et aux enfants. Ainsi, elle tente de rencontrer divers groupes travaillant pour cette cause à travers le pays.
« Car nos enfants ne peuvent faire entendre leur voix dans le discours public, sauf celle qu'on leur prête. Alors, tant pour leur bien que pour le nôtre, parlons haut et fort, et souvent, jusqu'à ce que la violence soit éliminée. »[4]
Suivant une vieille tradition, Mme Jean visitera toutes les
provinces et territoires du Canada pendant sa première année de mandat.
« Ce voyage s’inscrit dans cette volonté d’aller à la rencontre de mes compatriotes en vue d’instaurer un pacte de solidarité entre tous les citoyens qui forment le Canada d’aujourd’hui. »[5] Le 27 novembre 2005, la famille vice-royale remet la
Coupe Grey, fonction qui revenait habituellement au premier ministre canadien.
L'année suivante, la famille vice-royale entreprend son premier voyage international, pour assister aux cérémonies de clôture des
Jeux Olympiques d'hiver 2006 en
Italie, où le Canada s'est fait remettre le drapeau Olympique en tant qu'hôte des prochains jeux d'hiver, en 2010 à Vancouver. La gouverneure générale et sa famille ont rencontré l'ancien président italien
Carlo Azeglio Ciampi à
Turin, ainsi que le pape
Benoît XVI.
Trône où prennent place les Gouverneurs généraux lorsqu'ils siègent au
Sénat du Canada
En mai
2006, elle fait un voyage en Haïti qui
inspire les jeunes Haïtiens à rebâtir leur pays[non neutre].
De retour au pays, ainsi qu'à ses occupations communes, Michaëlle Jean a ouvert le Toonik Tyme, festival d’Iqaluit au Nunavut. Lors de cette cérémonie, elle a annoncé un don de quatre-vingt livres écrit en Inuktitut, français et anglais à la bibliothèque centenaire d'Iqaluit pour la commémoration du jubilé d'or d'
Élisabeth II.
Michaëlle Jean a lancé un site de
clavardage avec les citoyens canadiens le
27 septembre 2006. Cette initiative faisait partie d'un plus grand projet : créer un site Web où les utilisateurs pourraient dialoguer par des forums, des blogs et des chat ainsi que partager leur préoccupations, idées, expériences et réussites, pour permettre à ceux-ci d'échanger avec d’autres internautes à travers le pays. Ce site a pour nom Citizenvoices.
Elle a décidé d'entreprendre un voyage d'État en Algérie, au Mali, au Ghana, en Afrique du Sud et au Maroc entre le 18 novembre et le
11 décembre 2006,
« cinq pays qui méritent notre attention car la démocratie y progresse et des efforts considérables y sont déployés dans plusieurs domaines par une société civile dynamique avec le concours de nombreux coopérants canadiens » selon elle. Elle a encouragée les droits des femmes dans tous les pays qu'elle a visitée plus particulièrement dans les pays islamiques.
Michaëlle Jean portant les insignes de l'Ordre du Canada et de l'Ordre du mérite militaire le
Jour du souvenir
En tant que commandant-en-chef des armées canadiennes, Michaëlle Jean le
8 mars 2007 s'est rendue en
Afghanistan pour visiter les soldats canadiens. Bien avant cette date la gouverneure générale avait énoncé son désir de rendre visite aux troupes, mais le Premier ministre,
Stephen Harper, l'a informée ne pas s'y rendre, invoquant les soucis de sécurité qu'implique sa qualité de vice-reine et de chef d'État
de facto. Cette même journée, deux convois canadiens ont été attaqué par des forces talibanes
[6]. Sa visite en Afghanistan coïncidait avec la
Journée internationale des Femmes elle a déclarée à ce sujet
« Si intolérables que soient les conditions qu’on leur impose, les femmes de ce pays sont toujours du côté de la vie. Certes, nous, femmes d’ailleurs, avons trop tardé à entendre nos sœurs afghanes. Mais je suis là pour leur dire qu’elles ne sont plus seules. Pas plus que ne l’est, d’ailleurs, le peuple afghan »[7] Durant son séjour elle a également rencontrée le Président de la République islamique d’Afghanistan,
Hamid Karzaï et elle a également tenue à parler à des femmes afghanes. C'est lors de cette visite qu'elle a officiellement prise position sur la controversée mission de paix disant
« le Canada est fier de faire partie des 37 pays qui ont entrepris de restaurer la stabilité et d’appuyer les efforts de reconstruction. Le chemin parcouru en peu de temps est prometteur, et nous sommes fiers d’accompagner le peuple Afghan dans ce périple souvent difficile, parfois douloureux. J’apporte avec moi tous les vœux de paix, de prospérité et de bonheur de la population canadienne à la population afghane »[7].
Au début de l'année 2007, Michaëlle Jean a dû annuler un certain nombre d'événements et de rencontres, Rideau Hall a déclaré à ce sujet qu'elle se sentait fatiguée. Par la suite, le bureau de la gouverneure générale a déclaré
« La glande thyroïde de Son excellence ne fonctionnait pas normalement, ce qui l'a faite souffrir de la fatigue aiguë »[8] Mme Jean avant cette mésaventure a eu un horaire très chargé. Elle a en effet participé au 90
e anniversaire de la commémoration de la Bataille de Vimy en France, pour revenir précipitamment au Canada pour assister à l'arrivée d'un convoi à Trenton en Ontario transportant six corps de soldats décédés au combat en Afghanistan. Sa première tâche, une fois remise, était d'accueillir László Sólyom, président de la République hongroise, qui était en visite d'État au Canada.
[9]
Elle a aussi visité en 2007 le
Brésil, les
États-Unis, la
Tchéquie et l'
Argentine. Durant sa visite en Argentine, elle a aussi rencontré la présidente chilienne,
Michelle Bachelet, le président argentin,
Néstor Kirchner, la présidente élue argentine,
Cristina Fernández de Kirchner, le prince Felipe d'Espagne, l'ambassadeur du Canada en Argentine, Tim Martin, et le ministre des affaires étrangères d'Haiti, Jean-Reynald Clerisime.
Crise politique canadienne 2008
Dans le cadre de la crise politique subséquente au dépôt de l'énoncé économique du gouvernement minoritaire de Stephen Harper à la fin novembre 2008, la Gouverneure Générale du Canada est appelée à jouer un rôle sans précédent récent dans l'histoire politique et constitutionnelle canadienne. Quelques semaines seulement après l'élection, en octobre 2008, du gouvernement minoritaire conservateur de Stephen Harper, les partis de l'opposition expriment leur intention de rejeter l'énoncé économique proposé par le Parti Conservateur et de former un gouvernement de coalition, formé par le Parti Libéral et le Nouveau Parti Démocratique avec l'appui du Bloc Québécois et du Parti Vert, qui pourrait substituer au parti conservateur au pouvoir, advenant que l'énoncé en question, soumis à un vote de confiance le 8 décembre 2008, soit rejeté par ces derniers. La Gouverneure Générale sera donc appelée à trancher dans ce débat. Les options suivantes s'offrent à elle:
-
Proroger la session parlementaire jusqu'au dépôt du budget (option prisée par le Premier Ministre et le Parti Conservateur)
-
Mettre en place un gouvernement de coalition formé par le Parti Libéral et le Nouveau Parti Démocratique avec l'appui du Bloc Québécois et du Parti Vert (option prisée par les partis en questions)
-
Déclencher de nouvelles élections afin de donner une légitimité au gouvernement élu, malgré la tenue récente d'élections et la situation économique mondiale précaire
Finalement, madame Jean a décidé d'accueillir la demande faite le 4 décembre par le premier ministre Harper de proroger la session parlementaire jusqu'au 26 janvier 2009.
[11].
Armoiries personnelles
On retrouve au centre des armoiries oursin plat qui est un talisman spécial pour Michaëlle Jean. En effet, les dollars de sable sont des espèces marines que nous pouvons trouver au Canada et dans le nord des États-Unis sur les côtes des océans Atlantique et Pacifique. La couronne royale symbolise la fonction vice-royale et le service à l'ensemble des Canadiennes et des Canadiens. De part et d'autre de l'écu, deux Simbis ou
sirène, esprits des eaux dans la culture haïtienne, qui, selon les dires, apaisent les âmes, purifient les eaux troubles et interviennent avec sagesse et clairvoyance. De plus, les Simbis ont la parole édifiante et pacificatrice. Ces deux figures féminines symbolisent le rôle vital joué par les femmes en faveur de la justice sociale. Elles se tiennent à l'avant d'un roc orné d'un palmier, symbole de paix dans l'histoire haïtienne, et d'un pin qui évoque les richesses naturelles du Canada. Au-dessus de l'écu, le coquillage et la chaîne brisée rappellent le Marron inconnu d'Albert Mangonès,qui est une sculpture célèbre que l'on retrouve à Port-au-Prince, en Haïti, représentant un esclave en fuite qui souffle dans un coquillage pour sonner le rassemblement et appeler à la rebellion dans l'île. Cette figure évoque ici la victoire des ancêtres de Michaëlle Jean contre la barbarie et, plus généralement, l'appel à la liberté. La devise « Briser les solitudes » est au cœur des objectifs qu'elle entend poursuivre. Un anneau portant la devise de l'Ordre du Canada,
Desiderantes meliorem patriam ("Ils veulent une patrie meilleure"), entoure l'écu, auquel est suspendu l'insigne de Compagnon de l'Ordre du Canada.
[12]
Controverse
Peu après l'annonce par le Premier ministre
Paul Martin de la nomination de Michaëlle Jean, des commentateurs de la scène politique fédérale ont fait remarquer que cette nomination survenait dans un climat difficile pour le
Parti libéral du Canada au Québec. Paul Martin a nié ces affirmations. D'autres ont rappelé que le poste de gouverneur général est toujours accordé en alternance à un francophone et à un anglophone, et que le choix de Michaëlle Jean était tout à fait raisonnable.
Le
11 août 2005, le
Globe and Mail et
Le Devoir rapportent qu'un journal souverainiste,
Le Québécois, publiera une lettre de
René Boulanger, se présentant comme un proche de Jean-Daniel Lafond, dans lequel il le présente comme un
souverainiste. Boulanger prétend avoir souvent rencontré Lafond et être allé chez le couple où il aurait vu une bibliothèque fabriquée par
Jacques Rose, un ancien
felquiste et frère de
Paul Rose. Rose aurait installé un double-fond pouvant servir de cache d'armes. L'histoire fait grandement parler le Canada anglais. Boulanger affirme même dans son article que le but de ces déclarations est de faire rejeter la candidature de Michaëlle Jean par le Canada anglais, ce qui aurait pour effet d'augmenter le sentiment d'aliénation des Québécois et leur support pour la cause souverainiste
[13].
Des
monarchistes du Canada et des
souverainistes lui ont reproché d'avoir obtenu la
citoyenneté française après son mariage. Le
25 septembre 2005, avant d'entrer en fonction, elle a annoncé avoir demandé à l'
État français d'accepter le renoncement à la citoyenneté de ce pays. Michaëlle Jean a été libérée de son allégeance à l'égard de la France par décret ministériel daté du 23 septembre 2005
[14].
Prix
Prix ou honneurs
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Pays ou organisme
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Classe, position ou titre
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Référence
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Chancelière et Compagnon principal
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Chancelière et Commandeur
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Chancelier et l’un des commandeurs
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L'Ordre de Saint-Jean
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Prieur et le premier dirigeant de l'Ordre - Canada
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Chevalière
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Citoyenne d'honneur
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Récipiendaire
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Citoyenne d'honneur
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Récipiendaire
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Docteur honoris causa
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Docteur honoris causa
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Docteure en relation internationale
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Docteur honoris causa
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Docteur honoris causa
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Docteur honoris causa
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Premier Prix de journalisme
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Récipiendaire
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Prix Média
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Ligue des Droits de la Personne du Canada
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Récipiendaire
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Prix Gémeaux
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Récipiendaire
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Prix Raymond-Charrette
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Conseil de la Langue française du Québec
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Récipiendaire
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Prix Mireille-Lanctôt
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Récipiendaire
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Prix Anik
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Récipiendaire
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